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Parents à contre-courant
22 juin 2016

Crapaud mange - la Diversification Menée par l'Enfant

Crapaud a dès la naissance été un bon téteur, et hormis quelques douleurs au démarrage (pour moi) et de vilaines coliques (pour lui) qui m'ont obligé à corriger momentanément mon régime alimentaire, on aurait pu croire que cet or blanc lui suffirait à jamais. Mais crapaud comme les autres bébés a fini par grandir, et on a bien dû se résoudre à le nourrir, ou du moins à lui faire découvrir ce grand plaisir qu'est la bouffe. Et au cours de mes pérégrinations entoilées, j'ai découvert un monde surprenant où des bébés tout juste assis suçotaient des carottes à pleines mains.

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La diversification menée par l'enfant, ou DME pour les intimes, consiste simplement, au premier abord, à zapper l'étape petits pots et passer direct aux morceaux (avec bien sûr des règles de sécurité à respecter, j'y reviens plus tard). Mais en fait, ça va bien au-delà de ça. C'est une histoire de (attention, mot clef récurent, j'ai pas fini de vous saouler avec ça) CONFIANCE. Dans la continuité de l'allaitement où bébé gère seul son alimentation : quantité, fréquence, qualité etc, on (nous les parents surtout car le reste du monde est rarement d'accord mais on s'en fout) estime que lui seul sait de quoi il a besoin et envie (car c'est lié).

Simplement, c'est considérer son enfant comme une personne.

[Là je fais une parenthèse anti-chieur : je sais que le parents qui donne des purées à son bébé ne le considère pas comme un animal ou un objet, que la DME n'est pas la seule preuve d'amour possible etc. etc. etc.]

J'ai toujours eu un rapport excessivement émotif avec la bouffe, mais pas le genre d'émotion qui fait se sentir licorne au pays des bisounours, plutôt le genre qui forme un noyau noir et dur au fond du ventre. J'étais ce que les adultes appelaient « difficile », j'aimais rien ou presque. Mais surtout au fond de moi germait un sentiment de désamour et d'oppression à chaque fois qu'on me confrontait à un aliment qui me rebutait. Avec le temps, j'ai appris à élargir mon spectre et à différencier les sentiments de mon hôte de l'assiette qu'il me tendait. Et puis avec la puberté s'est dessiné le surpoids et la culpabilité, et une autre partie de mon histoire alimentaire, sous le signe du plaisir-coupable qui trône sur tous les magazines féminins en cette saison, s'est écrite. Bref, moi et la bouffe, ça a pris très longtemps à être simple, et je ne voulais pas de cette histoire pour mon enfant. Mon enfant mangerait ce qui lui fait plaisir, ce dont son corps a besoin, et surtout ce plaisir et ce besoin serait la même chose. Et oui, il est là le secret de la DME : ne jamais abîmer ce lien entre besoin et plaisir. Notre corps a besoin donc notre cerveau a plaisir, et tant qu'on y mêle pas frustration et culpabilité, ça fonctionne comme ça. Quel plus grand plaisir que de boire un grand verre d'eau quand on a grand soif ?

L'histoire de crapaud et la nourriture a donc réellement commencé (les carottes même pas regardées ne compte pas) avec la courge du jardin de mamie. Je vous cache pas qu'il en a eu partout, mais vraiment partout, y compris dans ça bouche, et il a adoré ça. Voir son enfant heureux, c'est savoir qu'on est sur la bonne voie et mon enfant était heureux. Au fil des mois, de découvertes en découvertes, il a mangé plus, il a mangé mieux, ses gestes se sont affinés et ses goûts affirmés. Et non, il ne mangera pas toute sa vie avec les mains, il a d'ailleurs réclamé vers 10 mois des couverts (une semaine de grève pour que ses ramollos de parents comprennent, pauv' bonhomme) et a su boire au verre seul à 1 an. Aujourd'hui, il mange comme nous ou presque depuis si longtemps que je ne saurais le dire, et son plat préféré c'est le couscous !

Alors oui, je suis passé pour une folle irresponsable pendant des mois, mais je ne le regrette pas. Et pis, je dois bien l'avouer, je suis une folle irresponsable.

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Quelques règles importantes :

[Je retranscrit ici ce que j'ai lu par ailleurs et moi-même appliqué, VOUS êtes RESPONSABLES de votre enfant et de vos actes]
  • DME ou pas, apprenez les gestes qui sauvent. Mieux vaut prévenir que... que même pas guérir. Bref, informez-vous, formez vous !
  • La diversification commence quand bébé tient assis seul, une histoire de tonus musculaire et de maturité instestinale. Ça tombe bien, ça arrive généralement vers 6 mois, pile-poil la recommandation de l'OMS
  • Aussi longtemps que bébé l'accepte, on commence le repas par le lait. Et venez pas me dire "Mais après il mange rien !". D'un, le lait est l'aliment principal jusqu'à 12 mois, le reste est accessoire. De deux, avoir du liquide dans l'estomac lui permettra de remonter un aliment mal passé grace au gag-reflex (un bon point pour celui qui me trouve le terme médical en français), lui évitant de s'étouffer.
  • Pour commencer, proposez à bébé des aliments mous (qui s'écrase sous le doigt) et plus gros que son poing (que ça dépasse quand il le tient).
  • N'ajoutez pas de sel avant l'age de 9 mois, voire 12 c'est encore mieux. Ses petits reins ne sont pas près pour ça.
  • Bébé mange seul, et décide seul. Ne lui portez rien vous même à la bouche. Par contre, pas question de le laisser sans surveillance. Profitez-en pour manger aussi tant que vous avez les bras libres.

 

Pour aller plus loin :
Les supers blogs :
Bougribouillons :
Bébé mange seul

 

DME_maj_06

 

Le super livre :
Mon enfant ne mange pas (promis, y a que le titre qui est nul)

 

 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires
C
Oui, pour le gag reflex, j'aurais dit réflexe nauséeux.
M
Il me semble que le gag-reflex c'est le réflexe de nausées en français ;-)
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