Il n’y a pas un allaitement, un allaitement universel, avec des règles pré-établies. Il y a des allaitements multiples, des allaitements faciles, des allaitements compliqués, des allaitements doux, des allaitements courageux. Et puis il y a les miens, mes allaitements.

Tout a commencé à la naissance de Bigorneau le 23 janvier 2011. J’étais jeune (un peu quand même). Je savais que je voulais allaiter, essayer à la maternité, pour voir. Et puis un accouchement douloureux, les soins intensifs de néonat avec un bébé à terme, des personnels hospitaliers qui me refusent cette première tétée tant désirée (« il est fatigué, on va lui donner des biberons le temps qu’il se requinque »). Né à 5h30 du matin, et enfin à 18h le soir cette tétée tant désirée (mais complémentée hein faut pas exagérer !).

Et là, paf dans mon cœur ! Un élan d’amour pour ce petit d’homme qui prend mon sein. J’ai mal, je saigne, mais ce début de vie chaotique à coup de bip bip des monito m’a poussé à continuer. Et puis les compléments obligatoires, un bébé qui ne cesse de régurgiter, moi qui ne comprends pas. La réponse viendra plus tard, bien plus tard, à 5 mois de vie quand le diagnostic sera posé : APLV.

Mais revenons à nos moutons : je récupère en chambre 2 jours plus tard mon bébé, enfin ce bébé, que je connais peu voire pas, ce bébé qui me regarde de ces grands yeux noirs. J’ai ma montée de lait, puissante, implacable, qui m’ordonne de le faire téter. Je le fais, machinalement, instinctivement. J’ai mal, j’ai des crevasses, on me dit de serrer les dents. Je suis perdue, je pleure… je pleurerais tous les soirs pendant 3 mois et je mettrais des années à parler du début de nos vies.

Je rentre chez moi 5 jours plus tard, seule avec mon bébé et mon marsouin marocain, qui lui aussi est traumatisé de cet accouchement, de cette naissance, de ce début de maternité.

Je suis chez moi, seule avec mes douleurs. Je ne savais pas qu’une sage-femme à domicile aurait pu me venir en aide. J’ai lu sur l’allaitement, sur comment guérir de ces crevasses. J’ai parcouru les forums. Et j’ai serré les dents.

1 mois. 1 mois de douleur et de crevasses et puis ça a guéri. Mon bébé savait enfin prendre mon sein correctement. Il savait téter et je savais allaiter.

Puis 2 mois et demi, vient le retour au travail. J’avais décidé de sevrer. J’ai donc introduit des biberons de lait artificiel. Et puis mon bébé s’est mis à avoir de l’eczéma, à vomir. Je n’ai pas compris. Et puis l’allaitement marchait, alors j’ai fait machine arrière. Il téterait à la maison et aurait à la creche mon lait au biberon : bonjour le tire lait ! Et puis je tire peu, alors il prend du lait artificiel aussi à la crèche. Puis du lait artificiel à base de riz une fois le diagnostic d’aplv posé (allergie aux protéines de lait de vache).

5 mois : tout roule. Je dois faire une éviction stricte des plv. Je le fais. Pour mon petit bout d’homme.

Je rencontre grâce à une rencontre familiale une association qui changera ma vie : INFO ALLAITEMENT 54. Des mamans bénévoles, à l’écoute d’autres mamans. Elles vont me guider à trouver mes réponses. Elles sont fantastiques.

Alors je me suis passionnée pour l’allaitement. J’ai parcouru le site de la LECHE LEAGUE, j’ai lu 43000 livres, j’ai rencontré une conseillère en lactation formidable.

Et puis la source de lait ne s’est jamais tarie.

Jusqu’à ce que je tombe enceinte de ma Crevette. Bigorneau avait 3 ans et demi. Vers 4 mois il a espacé les tétées qui étaient redevenues douloureuses à cause des hormones de la grossesse. J’étais prête. Lui aussi je pense. Et un jour de juillet 2014, je ne sais plus lequel tellement ça a été progressif, nous avons vécu notre dernière tétée. C’était beau, c’était tendre. Mon petit bout d’homme n’avait plus besoin et envie de boire mon lait.

Crevette est née le 26 décembre 2014. Un vrai bébé tétouilleur ! Et des crevasses, encore. Mais là je n’étais plus seule. Une sage-femme exceptionnelle à la maison qui va me guider, une consultante en lactation qui va me rassurer, une ostéopathe qui va montrer à mon bébé comment téter. Et 1 semaine et demi après, les crevasses guéries.

Aujourd’hui Crevette a 16 mois, je tire bien mieux et elle n’a jamais eu de lait artificiel. Je ne tire plus mon lait depuis ses 13 mois, elle prend des yaourts. Nous vivons un allaitement libéré de contraintes, facile. Je ne sais pas comment ni quand cela se finira, une chose est certaine : c’est elle qui décidera.

Pour aller plus loin :

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Mes allaitements

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